Posted 9 septembre 2025 by: Admin #Actualité

Une vaste étude internationale révèle que le Covid-19 laisse une empreinte profonde sur le système vasculaire humain. Même lorsqu’il semble bénin, le virus accélère le vieillissement des artères, avec des effets mesurables jusqu’à un an après l’infection. Un impact préoccupant, notamment chez les femmes et les patients souffrant de symptômes persistants.

Le vieillissement du corps suit habituellement un rythme lent, étalé sur plusieurs décennies. Mais l’infection au Covid-19 bouscule ce tempo naturel, provoquant une dégradation accélérée de la fonction artérielle. Même une atteinte légère suffit à déclencher un processus comparable à plusieurs années de vieillissement, exposant les patients à un risque accru d’accidents cardiovasculaires.

Des dégâts invisibles mais mesurables

Longtemps, la rigidité artérielle fut perçue comme une conséquence inévitable de l’âge. Or, le virus s’attaque directement aux vaisseaux sanguins, réduisant leur souplesse. L’étude internationale CARTESIAN, menée sur 2 390 participants dans 16 pays, a démontré que même une infection modérée pouvait entraîner une perte d’élasticité équivalente à cinq années de vieillissement. Les chercheurs s’appuient sur la mesure de la vitesse de l’onde de pouls, un outil fiable qui met en évidence ces altérations silencieuses.

Un risque cardiovasculaire accru

Selon l’équipe dirigée par Rosa Maria Bruno de l’Université Paris Cité, cette rigidité artérielle persistante augmente sensiblement le risque d’AVC ou d’infarctus. Le constat est d’autant plus inquiétant que ces dommages persistent jusqu’à un an après l’infection, confirmant que le Covid-19 agit comme un accélérateur de vieillissement vasculaire.

Les femmes, particulièrement touchées

L’étude révèle un déséquilibre frappant entre hommes et femmes. Chez ces dernières, la dégradation artérielle est plus marquée et plus durable. Les patientes ayant connu une forme légère du Covid affichent déjà une hausse notable de la vitesse de l’onde de pouls, équivalente à plusieurs années de vieillissement. Dans les cas graves nécessitant une hospitalisation en soins intensifs, cette accélération atteint près de huit années.

Une réponse immunitaire paradoxale

Un éditorial publié par des chercheurs de Harvard propose une hypothèse : le système immunitaire féminin, plus réactif et plus puissant, pourrait protéger efficacement lors de l’infection initiale mais provoquer des dommages secondaires au niveau vasculaire. Ce mécanisme expliquerait aussi pourquoi les femmes présentent davantage de symptômes persistants, comme la fatigue chronique ou les difficultés respiratoires caractéristiques du long Covid.

La vaccination comme facteur protecteur

Les résultats de l’étude montrent également l’importance de la vaccination. Les femmes vaccinées conservent une meilleure élasticité vasculaire, avec une rigidité artérielle nettement plus faible que les non-vaccinées. Ce constat souligne le rôle protecteur du vaccin au-delà de l’infection immédiate, en limitant les séquelles cardiovasculaires à long terme.

Des perspectives encourageantes

Malgré ces constats alarmants, tout n’est pas figé. Les chercheurs ont observé, après un an, une tendance à la stabilisation, voire à une amélioration de la souplesse artérielle chez certains patients infectés. L’inflammation liée au virus pourrait s’atténuer avec le temps, permettant une récupération partielle. À l’inverse, les individus jamais contaminés continuaient de vieillir selon le rythme habituel de leurs artères.

L’importance du suivi médical

Les auteurs de l’étude insistent sur la nécessité d’intégrer la surveillance du vieillissement vasculaire dans le suivi post-Covid. Hygiène de vie, contrôle strict de la pression artérielle et traitements spécifiques apparaissent comme des leviers efficaces pour limiter les séquelles. Ainsi, l’âge de nos artères, désormais influencé par le virus, pourrait devenir un indicateur aussi déterminant que notre âge chronologique.