« Elle s’est fait plaisir » : caissière chez Auchan, elle découvre une faille et repart avec plus de 100 000 €
Posted 1 décembre 2025 by: Admin
Au cœur de l’hypermarché Auchan de Sémécourt, une affaire inattendue a dévoilé les limites d’un dispositif censé former les employés : la « caisse école ».

Entre 2018 et 2020, une hôtesse de caisse expérimentée y a vu l’occasion de contourner les règles et d’accumuler plus de 100 000 euros en cartes-cadeaux. Un détournement discret, méthodique, qui a sidéré le tribunal de Metz et mis à nu une faille interne demeurée invisible pendant des mois.
L’histoire commence sans éclat : de simples rechargements sur des cartes-cadeaux, réalisés sur une caisse dédiée à la formation. En théorie, cet outil permet d’accompagner les nouveaux embauchés sans impacter la comptabilité. En pratique, il a offert à une salariée présente depuis l’ouverture du magasin un accès privilégié, dont elle s’est servie pour générer des avantages personnels. Entre juillet 2018 et juin 2020, elle a rechargé des cartes utilisables dans toutes les enseignes du groupe, notamment Leroy Merlin, sans déclencher d’alerte immédiate.
Une dérive qui change le train de vie

Au fil des mois, cette pratique s’installe, presque imperceptible. Les cartes-cadeaux deviennent un complément de revenus, un moyen de consommer sans passer par la caisse réelle. À l’audience, l’avocate d’Auchan, Me Zakia Ait Ali Slimane, résume ainsi l’état d’esprit attribué à l’ancienne employée : « Elle s’est fait plaisir ». Rien d’ostentatoire au début, mais une habitude devenue mécanique, portée par l’absence de contrôle instantané.
L’erreur de trop : 750 euros qui font tout basculer
Ce n’est pas un audit massif qui a mis fin au stratagème, mais un détail : un écart de caisse inhabituel de 750 euros. Un montant suffisamment anormal pour déclencher une vérification approfondie. Le représentant d’Auchan est catégorique : la salariée aurait poursuivi tant qu’elle n’aurait pas été démasquée. Plus troublant encore, l’enseigne affirme qu’il est impossible de savoir si le procédé n’avait pas été amorcé avant 2018 : ces deux années retracées ne correspondent qu’à la période identifiée après son licenciement.
Le tribunal correctionnel de Metz a tranché : deux ans de prison avec sursis et le remboursement de 108 792 euros. Le mari de la prévenue, poursuivi pour recel, a été relaxé après avoir assuré qu’il ignorait tout du stratagème. La justice s’est calée sur les opérations formellement prouvées, sans spéculer sur ce qui aurait pu être fait auparavant.
Une alerte pour toute la grande distribution

Au-delà de la fraude elle-même, ce dossier soulève une question majeure : comment sécuriser un outil de formation sans en altérer l’utilité pédagogique ? La « caisse école » doit permettre erreurs, essais et démonstrations… mais elle représente aussi un point faible si l’accès n’est pas strictement contrôlé. Auchan assure avoir renforcé ses procédures, sans en dévoiler les détails pour ne pas exposer de nouvelles failles potentielles.
Pratiques, sécurisées, polyvalentes, les cartes-cadeaux séduisent autant les clients que les fraudeurs. Faciles à dépenser, utilisables dans plusieurs enseignes, elles deviennent parfois la monnaie idéale pour contourner un système. L’affaire de Sémécourt illustre ces dérives possibles et se résume en une formule devenue virale : « caissière Auchan – 100 000 euros – cartes cadeaux ».







