Posted 22 juillet 2025 by: Admin #Actualité

Une tragédie évitable, une fillette décédée, et une justice rendue dans la douleur. Le drame survenu à La Rochelle en juin 2024 vient de connaître son épilogue judiciaire, sans pour autant apaiser les blessures des familles endeuillées. La responsabilité d’une conductrice âgée est au cœur d’un débat national sur la sécurité routière et l’aptitude à conduire à un âge avancé.

Ce mardi 22 juillet, le tribunal correctionnel de La Rochelle a condamné une femme de 83 ans à quatre ans de prison avec sursis pour avoir causé la mort d’une fillette de dix ans et blessé six autres enfants à vélo. Le 5 juin 2024, cette octogénaire avait pris une avenue en sens interdit, limitée à 30 km/h, percutant frontalement un groupe de douze enfants lors d’une sortie encadrée.

Le choc a été fatal pour Margot, dix ans, qui a succombé à ses blessures deux jours plus tard. L’accident, d’une violence extrême, a laissé d’autres enfants blessés, physiquement mais aussi durablement marqués sur le plan psychologique. La conductrice, qui a poursuivi sa route après l’impact, n’a été arrêtée que grâce à l’intervention d’un témoin.

Une conductrice fragile mais consciente de ses actes

Lors du procès, le président du tribunal a pointé les responsabilités claires de la prévenue. Malgré des malaises récents, un traitement médical lourd, et des avertissements de son entourage, la femme de 83 ans avait pris le volant en connaissance de cause, roulant à une vitesse excessive et ignorant les règles de circulation les plus élémentaires.

« L’accident aurait pu être évité », a souligné le magistrat, ajoutant que seule l’intervention d’un tiers avait mis fin à la course dangereuse de l’accusée. La justice lui a infligé, en plus du sursis, l’annulation de son permis de conduire, l’interdiction de repasser un permis pendant cinq ans, la confiscation de son véhicule et une amende de 200 euros.

Une audition confuse, un regret tardif

Absente lors du délibéré, la conductrice s’était présentée à l’audience le 1er juillet, livrant un témoignage jugé confus et souvent déconnecté des faits. Sans réelle émotion initiale, elle avait évoqué un possible « malaise » au volant, assurant ne se souvenir de rien. Ce n’est qu’à la fin de l’audience, en larmes, qu’elle avait exprimé des excuses aux victimes et à leurs familles.

Son profil – ancienne vendeuse aujourd’hui veuve, sans antécédents judiciaires – n’a pas suffi à atténuer la gravité des faits aux yeux du tribunal. La question de la responsabilité morale et civique d’un conducteur, quel que soit son âge, était au cœur de ce procès douloureux.

Un verdict reçu avec gravité et détermination

Pour les parents de Margot, la petite victime, la décision du tribunal a été accueillie avec un « brin de soulagement », selon leur avocat Me Vincent Julé-Parade, interrogé par BFMTV. « Ils attendaient simplement la reconnaissance de la culpabilité, sans chercher la vengeance. »

Mais au-delà de la peine, les parents veulent faire bouger les lignes. Leur objectif désormais : militer pour l’instauration d’un contrôle d’aptitude obligatoire à la conduite pour les personnes âgées, afin d’éviter que d’autres familles ne vivent le même cauchemar. « Rien ne ramènera jamais leur fille », a rappelé leur avocat, mais transformer leur douleur en engagement pourrait donner un sens à l’inacceptable.