« J’ai honte pour cette jeune caissière » : un SDF refoulé d’une boulangerie pour avoir voulu payer en petite monnaie

Posted 21 juillet 2025 by: Admin
Une scène banale en apparence, survenue dans une boulangerie de Rennes, a déclenché une vive émotion. Ce samedi 24 mai 2025, un sans-abri s’est vu refuser l’achat d’un simple pain au motif que ses pièces étaient trop petites. Un geste anodin, mais une indignation profonde, portée par un témoin touché au cœur.
Ce samedi-là, dans le centre de Rennes, un homme sans domicile fixe, âgé d’une cinquantaine d’années, entre dans une boulangerie avec une requête modeste : acheter une baguette de pain. Selon Jacques Morfouasse, témoin direct de la scène et lecteur de Ouest France, l’homme était poli, calme, et visiblement sobre. D’origine étrangère – peut-être d’Europe de l’Est, d’après son accent –, il tend à la jeune caissière une main pleine de pièces de un, deux et cinq centimes.
Mais la réponse est cinglante : la caissière refuse de prendre la monnaie. Sa supérieure, présente à ses côtés, appuie cette décision. Sans un mot de plus, le sans-abri repart les mains vides, sans pain, sans insulte, sans colère. Seulement avec, sans doute, un peu plus de solitude.
Un témoin envahi par la honte
Présent au moment des faits, Jacques Morfouasse n’a pu contenir son trouble après cette scène. Il décrit un profond malaise : « J’ai eu honte. Honte pour la caissière, honte pour sa responsable, honte de ne pas avoir réagi sur le moment. » Lui-même engagé comme caissier bénévole dans une épicerie solidaire, il juge cette attitude « inadmissible ».
Pour lui, refuser la petite monnaie de cet homme, c’était lui refuser un droit élémentaire, celui de consommer comme tout citoyen. C’était aussi, plus sournoisement, lui faire sentir qu’il n’avait pas sa place dans un lieu aussi commun qu’une boulangerie.
Une réaction tardive, mais salvatrice
Pris de remords, Jacques décide de ne pas laisser cette scène se refermer dans l’indifférence. Il ramasse les pièces tombées au sol, sort de la boulangerie, et rattrape le sans-abri. Non seulement il lui rend son argent, mais il lui tend aussi un billet, pour qu’il puisse s’acheter son pain, ailleurs, dignement.
« C’était la moindre des choses », confie-t-il, encore ému. Dans son témoignage, il insiste sur l’importance d’un regard bienveillant, même fugace, envers ceux que la vie malmène. Une baguette peut sembler peu, mais dans un quotidien fait de rejets et d’humiliations, elle peut devenir un symbole de dignité retrouvée.
Un appel à l’humanité, simple mais nécessaire
À travers son récit, Jacques Morfouasse pose une question essentielle : que reste-t-il de notre humanité si l’on ne peut même plus tolérer qu’un homme paie en centimes ? La législation autorise pourtant ce type de paiement, dans une certaine limite. L’argument du « rouleau de pièces » avancé par la responsable n’était pas illégalement fondé, mais relevait davantage du refus personnel.
« Nous n’avons pas toutes les cartes en main pour changer le monde », affirme Jacques, « mais nous avons le pouvoir de le rendre un peu plus humain autour de nous ». Il conclut en évoquant la fable du colibri : ce petit oiseau qui, face à l’incendie, fait sa part en transportant quelques gouttes d’eau. Une métaphore poignante, qui rappelle que chaque geste compte, surtout quand il touche à la dignité d’un autre être humain.
Une indignation qui traverse la société
Cet incident, isolé en apparence, résonne pourtant avec une réalité plus large : le rejet discret mais brutal que subissent les personnes sans-abri au quotidien. Le simple fait de ne pas avoir de carte bancaire, ou de payer avec de la monnaie jugée « gênante », devient un obstacle à l’inclusion sociale. À travers cette histoire, c’est aussi le rappel d’un devoir collectif de bienveillance qui s’exprime, au-delà de la légalité ou des règles de caisse.