La famille Le Pen déboutée dans un dossier de dépenses au Parlement européen

Posted 17 juillet 2025 by: Admin
Jean-Marie Le Pen, disparu en janvier dernier, continue de faire parler de lui jusque dans l’enceinte du Tribunal de l’Union européenne. Cette fois, ce sont ses héritières qui se retrouvent exposées, après le rejet de leur recours contre une décision exigeant le remboursement de plusieurs centaines de milliers d’euros de frais indus facturés au Parlement européen.
Le Tribunal de l’Union européenne, siégeant à Luxembourg, a tranché ce mercredi : les héritières de Jean-Marie Le Pen devront honorer une dette de près de 300 000 euros. Cette somme correspond à des frais de mandat jugés irréguliers pendant la période où le fondateur du Front national siégeait comme eurodéputé, entre 2009 et 2018.
Parmi les dépenses passées au crible, une liste étonnante d’objets sans rapport évident avec l’exercice d’un mandat politique : bracelets connectés, cravates de luxe, stylos, balances de cuisine, lunettes de réalité virtuelle, horloges de bureau… ou encore pas moins de 129 bouteilles de vin, toutes réglées sur les fonds alloués au titre de la « ligne budgétaire 400 », censée couvrir des frais professionnels strictement encadrés.
Les filles de Jean-Marie Le Pen déboutées
Marie-Caroline Olivier, Yann Maréchal et Marine Le Pen – les trois filles de l’ancien leader d’extrême droite – avaient saisi le Tribunal européen en contestant la légalité de la procédure et en dénonçant une décision inéquitable et infondée. Mais les juges ont rejeté l’ensemble de leurs arguments, estimant que le Parlement européen était dans son droit en réclamant ces sommes.
Dans l’entourage de Marine Le Pen, on indique que la décision sera “étudiée avec l’ensemble des ayants droit”, laissant entendre qu’un recours ou une négociation reste possible. Pour l’heure, les ayants droit devront assumer solidairement la dette laissée par le patriarche.
Une affaire distincte mais symboliquement lourde
Il est important de noter que cette procédure est distincte du dossier des assistants parlementaires, qui a secoué le Rassemblement national en début d’année 2025. Dans cette autre affaire, plusieurs cadres du parti – dont Marine Le Pen elle-même – ont été condamnés pour détournement de fonds européens. La cheffe du RN a même été déclarée inéligible, une décision lourde de conséquences à deux ans de l’élection présidentielle.
Néanmoins, la répétition de ces scandales liés à la gestion des fonds européens par la famille Le Pen alimente les critiques sur une certaine culture de l’impunité au sein du parti fondé par Jean-Marie Le Pen.
Une décennie de dépenses personnelles sur fonds publics
Les dépenses en cause dans cette nouvelle affaire s’étendent sur près de dix ans, entre 2009 et 2018. Pendant cette période, Jean-Marie Le Pen, pourtant en retrait progressif de la vie politique française, continuait de siéger au Parlement européen, où il bénéficiait d’un budget de fonctionnement à disposition, comme tout député.
Or, selon le rapport de l’OLAF (Office européen de lutte antifraude), une partie substantielle de ce budget aurait été utilisée pour des dépenses personnelles déguisées, sans aucun lien avec une quelconque activité parlementaire. Le Parlement avait adressé un rappel à l’ordre en janvier 2024, alors que Jean-Marie Le Pen était encore en vie, lui donnant deux mois pour justifier ces dépenses. Aucune réponse convaincante n’a été apportée.
Une dette symbolique pour un héritage politique encombrant
Cette affaire, aussi singulière que révélatrice, vient ternir un peu plus l’image de la famille Le Pen sur le terrain européen. Alors que Marine Le Pen tente depuis des années de crédibiliser sa stature présidentielle et d’assainir l’image du parti fondé par son père, ces révélations sur des pratiques budgétaires douteuses renvoient aux vieux démons du FN des années 1990-2000.
Le fait que les héritiers soient contraints de rembourser des dépenses jugées frauduleuses souligne aussi la responsabilité juridique transmise avec l’héritage, fût-il politique ou patrimonial.