Posted 18 juin 2025 by: Admin #Actualité

Disparu à l’âge de 72 ans, Bernard Lacombe laisse derrière lui l’empreinte d’un homme qui aura marqué le football français sur tous les terrains : buteur redouté, dirigeant respecté, fidèle artisan de l’épopée lyonnaise. Avec lui, c’est un demi-siècle d’histoire du ballon rond qui s’efface.

Hospitalisé depuis plusieurs mois, Bernard Lacombe s’est éteint ce mardi à l’âge de 72 ans. Le football français perd l’un de ses meilleurs artilleurs, deuxième buteur historique du championnat avec 255 réalisations. International à 38 reprises, il a brillé à Lyon, Bordeaux, mais aussi brièvement à Saint-Étienne. Son nom reste associé à celui d’un footballeur efficace, intuitif, et doué d’un sens du but hors norme.

Lyon, point de départ d’une trajectoire fulgurante

Formé à l’Olympique Lyonnais, Lacombe dispute son premier match professionnel à 17 ans, le 7 décembre 1969, et inscrit déjà un but. Ce coup d’éclat marque le début d’une épopée qui s’étendra sur trois décennies. Avec Lyon, il remporte la Coupe de France en 1973 et partage la lumière avec son complice Serge Chiesa, sous la direction d’Aimé Mignot puis d’Aimé Jacquet. En 1973, ses efforts sont récompensés par une première sélection en équipe de France.

Un départ douloureux, une renaissance à Bordeaux

Contraint de quitter Lyon en 1978, en raison de finances exsangues, il vit son départ comme une déchirure. Mais ce qui s’apparente d’abord à un exil se transforme en résurrection : accueilli à Bordeaux, il y retrouve Aimé Jacquet et partage l’attaque avec Alain Giresse. Il y bâtit l’essentiel de son palmarès : trois titres de champion de France (1984, 1985, 1987) et deux Coupes de France (1986, 1987), accédant à une reconnaissance nationale unanime.

Un avant-centre à l’intelligence rare

Buteur redouté, Lacombe n’était pas qu’un finisseur. Ambidextre, rapide, efficace dans les airs malgré sa taille (1,73 m), il impressionnait aussi par sa capacité à lire le jeu, à se rendre utile dans les petits espaces et à mettre ses partenaires en valeur. Michel Platini lui-même louera son sens du collectif et sa précieuse capacité de remise. En 1978, il inscrit le but le plus rapide de l’histoire de la Coupe du monde face à l’Italie, après seulement 38 secondes de jeu.

Un acteur majeur des grandes heures des Bleus

Avec les Bleus, Bernard Lacombe participe à la Coupe du monde 1978 et à l’Euro 1984. Il traverse une époque où l’équipe de France reconquiert son statut sur la scène internationale, atteignant les demi-finales du Mondial 1982 et remportant le titre européen en 1984 au Parc des Princes. Son parcours en bleu est modeste en durée, mais riche en intensité et en moments marquants.

Une reconversion fidèle à ses couleurs

À peine ses crampons raccrochés, Lacombe devient un acteur clé du renouveau de l’OL. En 1988, Jean-Michel Aulas l’invite à prendre part à la reconstruction du club, relégué depuis six ans. Il accepte, par loyauté, par passion, et par ambition. D’abord directeur sportif, puis entraîneur (jusqu’en 2000), il devient le bras droit du président, un conseiller incontournable au sein de l’état-major lyonnais.

L’homme derrière les succès de l’Olympique Lyonnais

Avec Jean-Michel Aulas, il bâtit un empire. De la remontée en D1 en 1989 jusqu’à la domination du football français dans les années 2000, Bernard Lacombe est de tous les combats, de toutes les stratégies. Ensemble, ils remportent sept titres consécutifs de champion de France (2002-2008), atteignent les sommets européens avec une demi-finale de Ligue des champions en 2010 et font entrer l’OL dans une nouvelle ère avec le Groupama Stadium.

Une mémoire vivante du football

Bernard Lacombe incarnait bien plus qu’un simple dirigeant : il était la mémoire, l’âme et la voix de l’OL. Chaque anecdote, chaque match, chaque but semblait gravé dans sa mémoire, raconté avec précision et émotion. Pour les supporters, les journalistes et les anciens joueurs, il était le gardien d’un patrimoine sportif et humain inestimable.

Un nom gravé dans le marbre du football français

À sa manière discrète, fidèle, mais toujours passionnée, Lacombe a marqué le football français. Son héritage dépasse les chiffres et les titres : il réside dans la constance, la loyauté et l’amour du jeu. À Lyon comme à Bordeaux, sur le terrain comme en coulisses, il a laissé une trace durable. Son décès laisse un vide immense, mais aussi une mémoire indélébile.