Rachida Dati aurait perçu 299 000 euros d’honoraires de GDF Suez en 2010-2011

Posted 5 juin 2025 by: Admin
De nouveaux éléments surgissent dans une affaire qui mêle politique, grands groupes industriels et soupçons de conflits d’intérêts.
Des documents inédits relancent les interrogations autour des activités passées de Rachida Dati, alors eurodéputée et avocate, et de sa relation financière présumée avec GDF Suez. Selon une enquête conjointe du magazine « Complément d’enquête » et du Nouvel Observateur, Rachida Dati aurait perçu deux virements totalisant 299 000 euros de la part de GDF Suez entre 2010 et 2011. Ces sommes, indiquées comme « honoraires GDF Suez », proviendraient d’un cabinet d’avocats aujourd’hui liquidé, selon des documents issus de sa comptabilité.
Les virements, datés de juillet 2010 et février 2011, auraient été immédiatement reversés à Mme Dati, à l’époque simultanément avocate et députée européenne. Cette révélation intervient alors que l’actuelle ministre de la Culture est déjà mise en examen pour corruption passive dans l’affaire Carlos Ghosn.
Des prises de position en faveur du secteur gazier
La période des versements coïnciderait avec des interventions favorables au secteur gazier par Rachida Dati au Parlement européen. L’enquête souligne des amendements déposés à Strasbourg en faveur des grandes entreprises du gaz, suscitant l’étonnement de plusieurs de ses collègues. Parmi eux, Corinne Lepage, eurodéputée centriste, confirme avoir été interpellée par le zèle avec lequel Dati soutenait certaines revendications industrielles, notamment l’abandon des subventions aux énergies renouvelables.
Pour ses avocats, Olivier Baratelli et Olivier Pardo, ces accusations sont infondées. Ils affirment que leur cliente « n’a jamais été l’avocate de GDF Suez » et qu’elle a fourni toutes les explications requises.
Un cabinet d’avocats aujourd’hui disparu
Les documents à l’origine de cette révélation proviennent de la comptabilité d’un cabinet d’avocats aujourd’hui dissous, en 2019. Selon les enquêteurs journalistiques, ces éléments ne sont pas encore en possession de la justice, ce qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles investigations ou à une réouverture du volet financier de l’affaire.
L’entreprise GDF Suez, devenue Engie en 2015, n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP. Le silence du groupe alimente les spéculations et renforce l’intérêt porté à ces révélations.
Un passé judiciaire déjà encombré
Ce n’est pas la première fois que les finances de Mme Dati sont examinées. Dans le cadre de l’affaire Ghosn, elle est poursuivie depuis 2021 pour avoir reçu 900 000 euros d’honoraires d’une filiale néerlandaise de l’alliance Renault-Nissan, entre 2010 et 2012. La justice cherche à déterminer si ces versements, justifiés comme des prestations juridiques, cachaient en réalité des activités de lobbying, interdites aux eurodéputés.
Rachida Dati conteste vigoureusement toute infraction. Elle affirme que ses revenus étaient déclarés, ses activités conformes à la réglementation, et qu’aucun conflit d’intérêts n’existait. Elle dénonce une cabale politique et médiatique destinée à entacher sa réputation alors même qu’elle occupe aujourd’hui un ministère stratégique.
Une pression politique croissante
Ces révélations interviennent alors que Mme Dati est déjà fragilisée par d’autres affaires, notamment celle des bijoux non déclarés d’une valeur de 420 000 euros, selon Libération. La porte-parole du gouvernement a récemment appelé publiquement la ministre à régulariser sa situation, si les faits étaient avérés.
Dans ce contexte, la question de sa légitimité gouvernementale se pose à nouveau, d’autant plus qu’elle incarne un profil très exposé au sein de l’exécutif. L’opposition, elle, n’a pas tardé à réclamer plus de transparence et à appeler à un examen approfondi de ces nouvelles données. Si le portrait dressé dans « Complément d’enquête » insiste sur le caractère combatif et inflexible de Rachida Dati – qualifiée de « bulldozer » par certains interlocuteurs –, ces qualités pourraient ne plus suffire à contenir l’accumulation des polémiques.