Posted 17 juin 2025 by: Admin #Actualité

À la veille d’une conclusion attendue du « conclave » sur les retraites, François Bayrou relance le débat en avançant une proposition audacieuse : une prime incitative destinée aux seniors souhaitant prolonger leur activité professionnelle.

Une piste qui mêle logique budgétaire et incitation individuelle, dans un contexte où l’équilibre du système reste au cœur des préoccupations. François Bayrou a surpris en évoquant une mesure inédite : offrir aux salariés ayant atteint l’âge légal de la retraite une « prime » s’ils choisissent de rester en poste. Concrètement, cela consisterait à leur verser une part de leur pension de retraite en parallèle de leur salaire, créant ainsi une double rémunération temporaire. Une idée déjà glissée aux partenaires sociaux, sans avoir été officiellement confirmée par Matignon.

L’objectif, selon le Premier ministre, est double : encourager l’activité professionnelle des plus expérimentés tout en soulageant le budget des retraites. « Il y a une prime et, en même temps, des économies puisqu’on ne verse pas la totalité de la retraite », a-t-il précisé, y voyant un levier « de nature à faire changer le pourcentage des personnes restant au travail ».

Une approche pragmatique face à un enjeu financier majeur

Derrière cette proposition, se cache une stratégie clairement assumée de rééquilibrage du système des retraites. En prolongeant la durée d’activité des seniors, l’État repousse le moment de verser une pension complète, tout en bénéficiant des cotisations salariales et patronales de ces travailleurs expérimentés. Une forme d’optimisation que François Bayrou présente comme « gagnant-gagnant » pour les finances publiques et les intéressés.

Ce mécanisme viendrait s’ajouter aux dispositifs existants, comme la retraite progressive ou le cumul emploi-retraite, mais avec un aspect plus incitatif. Il s’agirait d’un encouragement direct, potentiellement attractif dans un contexte où de nombreux Français aspirent à un départ anticipé, mais où l’économie les rattrape.

Dialogue social prolongé : une ouverture saluée

Bien conscient de la sensibilité du sujet, François Bayrou a annoncé qu’il était prêt à donner un délai supplémentaire aux syndicats et au patronat. Alors que la dernière séance du conclave est prévue ce mardi, le Premier ministre a tendu la main : « S’ils souhaitent quelques jours de plus, pour moi, c’est absolument parfait », a-t-il déclaré, manifestant sa volonté de favoriser un compromis.

Il assure qu’un terrain d’entente reste possible. « Le chemin d’un accord existe », martèle-t-il, tout en reconnaissant que les discussions sont parfois tendues. En filigrane, l’exécutif espère éviter une nouvelle cristallisation sociale autour du sujet des retraites, déjà source de mobilisations massives ces dernières années.

Une piste qui soulève questions et attentes

Si l’intention semble vertueuse, la proposition soulève déjà plusieurs interrogations. Quelles seraient les modalités précises du versement de cette prime ? S’agirait-il d’un pourcentage défini de la pension ? Combien de temps pourrait-elle être perçue ? Et surtout, quels seront les critères d’éligibilité pour éviter les effets d’aubaine ou les inégalités entre professions ?

Les syndicats, de leur côté, restent prudents. Une telle mesure pourrait être perçue comme une manière détournée de repousser l’âge de départ, même de façon volontaire. D’autant que de nombreux travailleurs usés par des métiers pénibles n’auraient ni la capacité physique, ni l’envie de prolonger leur carrière.

Reste aussi à savoir si cette prime ne viendrait pas fragiliser davantage un marché de l’emploi où les seniors peinent déjà à se maintenir. Car pour que cette mesure ait un réel effet, encore faut-il que les entreprises jouent le jeu, dans un pays où l’emploi des plus de 60 ans reste faible.