Dans un quartier excentré de Tourcoing, un hangar aux allures modestes abrite une activité pour le moins singulière. Ici, des colis s’entassent sur des tables, attendant d’être achetés à l’aveugle par des clients en quête de bonnes affaires. Bienvenue à Colis perdus Tourcoing, où le mystère et l’excitation règnent en maîtres.
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L’ambiance est spartiate, mais l’attrait est indéniable. Une grande poubelle noire trône au milieu, prête à accueillir les emballages déchirés. Chaque client tâte, palpe et soupèse les colis, espérant mettre la main sur le gros lot : un ordinateur, une montre connectée ou un téléphone portable. C’est le jeu auquel se prêtent Joris et Paul, deux habitués de ces ventes aux enchères particulières.
Le témoignage des clients
Joris initie son copain Paul aux subtilités de ce commerce atypique. « Le textile, c’est facile, pour les autres produits, c’est plus souvent la surprise », explique-t-il en exhibant fièrement une paire de lunettes de soleil qu’il affirme être de la marque Gucci. Peu importe si le doute subsiste, l’essentiel est de croire en sa chance.
La plupart des clients ont découvert ce nouveau magasin sur les réseaux sociaux, attirés par l’appât du gain et le frisson de l’inconnu. Chaque colis acheté à 14 euros le kilo recèle une promesse, celle de tomber sur un trésor insoupçonné.
L’approvisionnement et le modèle économique
Gwendoline Ramon-Sanchez, l’ancienne préparatrice de commandes devenue propriétaire de Colis perdus Tourcoing, s’approvisionne par l’intermédiaire d’un grossiste basé en région parisienne. Ce dernier puise lui-même dans des centres de tri européens où sont stockés les paquets que les fournisseurs n’ont pas cherché à récupérer.
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Cette activité a connu un essor considérable depuis la loi AGEC (Agir contre le gaspillage pour une économie circulaire) de 2022, qui interdit la destruction ou la mise en décharge des invendus non alimentaires. Des grossistes spécialisés comme Flamingo Box ou Destock Colis se sont ainsi positionnés sur ce marché en pleine expansion.
Les enjeux et les perspectives
Selon les estimations, entre 80 % et 90 % des colis ne sont jamais réclamés par leurs destinataires, ouvrant ainsi un vaste champ d’opportunités pour ce nouveau commerce. Cependant, des questions éthiques et réglementaires se posent, notamment en ce qui concerne la protection des données personnelles et la traçabilité des produits.
Malgré ces défis, le marché de la revente de colis perdus semble promis à un bel avenir, attirant toujours plus d’acheteurs en quête de bonnes affaires et de sensations fortes. Que réserve le prochain colis ? L’excitation ne fait que commencer.