Le post a été vu plus de 600 000 fois, relayé notamment par Cyril Hanouna dans son émission Tout beau, tout n9uf, sans qu’aucune contradiction scientifique ne soit apportée à l’antenne.
Une étude interprétée de manière trompeuse

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L’étude en question existe bien, mais ses conclusions ne vont pas du tout dans le sens évoqué par Didier Raoult. Comme le rappelle le média 20 Minutes dans sa rubrique Fake Off, les auteurs y précisent que leurs résultats sont proposés “de manière hypothétique” et ne constituent qu’une simple association statistique.
En clair, il s’agit d’une corrélation, pas d’une causalité. Aucune preuve scientifique n’indique que le vaccin contre la Covid-19 provoque un cancer du pancréas.
Le docteur Jérôme Barrière, oncologue, le souligne : « Ces études statistiques doivent être interprétées avec prudence. Elles ne prouvent rien, elles ne font qu’observer des coïncidences entre deux phénomènes. Là où c’est trompeur, c’est quand Didier Raoult oublie volontairement de préciser cette différence. »
Des biais méthodologiques évidents
L’expert relève plusieurs biais importants dans l’étude coréenne.
D’abord, le “biais de détection” : les personnes vaccinées étant plus suivies médicalement (consultations, bilans, examens post-vaccinaux), on détecte plus souvent des cancers déjà existants chez elles que chez les non-vaccinés.
Ensuite, le délai observé d’un an entre vaccination et apparition d’un cancer est scientifiquement absurde. « Un processus cancéreux met des dizaines d’années à se développer, il est donc impossible qu’un vaccin ait un tel effet en si peu de temps », rappelle le médecin.
Les études épidémiologiques menées quatre ans après la vaccination ne montrent d’ailleurs aucune augmentation du nombre de cancers.
Un discours dangereux dans un contexte sensible

La diffusion de ces propos intervient à un moment critique : la relance de la campagne de vaccination anti-Covid et antigrippale. Pour les autorités sanitaires, la temporalité du message de Raoult n’est pas anodine.
« Les patients atteints de cancer sont les plus fragiles face aux infections respiratoires, explique Jérôme Barrière. Or, si ces malades entendent que le vaccin pourrait donner le cancer, ils risquent de refuser la vaccination, ce qui peut mettre leur vie en danger. »
La répétition de ces fausses affirmations, amplifiées par les réseaux sociaux et certaines émissions télévisées, nourrit un climat de méfiance sanitaire dont les conséquences peuvent être graves.
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Ce n’est pas la première fois que Didier Raoult avance un lien infondé entre vaccination et cancer. En janvier 2024 déjà, il avait évoqué à la télévision une prétendue association entre vaccins anti-Covid et lymphomes, sans la moindre preuve scientifique.
Depuis, la communauté médicale alerte sur les effets délétères de ce type de discours : la désinformation scientifique, surtout lorsqu’elle émane d’une figure publique, mine la confiance dans la médecine et les institutions.