« Vous êtes les alliés du cancer ! » : à l’Assemblée, une femme s’emporte après l’adoption de la loi Duplomb

Posted 9 juillet 2025 by: Admin
Face à l’adoption contestée de la loi Duplomb réautorisant l’usage du pesticide acétamipride, les cris de colère ont retenti jusque dans les travées de l’Assemblée. Pour la gauche et les collectifs citoyens, cette décision est bien plus qu’un simple vote : elle incarne un recul dramatique sur la santé publique et l’écologie.
Adoptée à 316 voix contre 223, la loi portée par le sénateur Laurent Duplomb provoque un tollé jusque dans les rangs de la majorité. Si la droite, le centre et le Rassemblement national ont massivement soutenu le texte, une fracture s’est clairement dessinée dans le groupe présidentiel : 14 députés Renaissance se sont opposés au projet, 10 se sont abstenus. Des élus MoDem et Horizons ont également exprimé leur désaccord. Un signal fort de malaise dans les propres rangs du gouvernement.
Le gouvernement, représenté par Annie Genevard, a tenté de désamorcer la polémique en dénonçant des débats « caricaturés » et en pointant du doigt une gauche accusée de « fracturer le lien entre les agriculteurs et la société ». Mais les critiques se concentrent sur un autre front : celui de la santé publique.
Un cri de rage dans l’hémicycle : « Vous êtes les alliés du cancer ! »
La scène a marqué les esprits. Après le vote, une femme s’est levée des tribunes publiques et a hurlé aux députés favorables au texte : « Vous êtes les alliés du cancer ! Nous nous reverrons. » Une phrase lourde de sens, prononcée par Fleur Breteau, atteinte de son deuxième cancer et porte-parole du collectif Cancer Colère. Invitée par les écologistes, elle a porté la voix des malades et dénoncé ce qu’elle considère comme un « scandale sanitaire ».
« Le cancer est devenu une épidémie, particulièrement chez les jeunes. Les réponses doivent être politiques », a-t-elle plaidé devant les journalistes à sa sortie. Sa colère s’est exprimée au nom de milliers de malades et de familles, face à une législation perçue comme un abandon du principe de précaution.
L’acétamipride : un pesticide sous haute surveillance
Interdit en France mais toujours autorisé dans l’Union européenne jusqu’en 2033, l’acétamipride appartient à la famille des néonicotinoïdes, dont les effets sur la santé humaine restent mal documentés mais suscitent une inquiétude croissante. Des études pointent leur rôle potentiel dans des déséquilibres hormonaux, des maladies neurologiques et certains cancers.
Pour la députée insoumise Aurélie Trouvé, le parallèle est évident : « L’acétamipride est le nouveau chlordécone de l’Hexagone. » Une comparaison saisissante qui évoque un précédent scandale sanitaire majeur aux Antilles.
Un recours devant le Conseil constitutionnel en préparation
La bataille juridique est loin d’être terminée. Plusieurs groupes parlementaires, dont les écologistes et La France insoumise, ont annoncé leur intention de saisir le Conseil constitutionnel. En ligne de mire : la possible violation du principe de précaution et celui de non-régression environnementale, deux piliers du droit français et européen.
Pour les opposants, ce texte illustre une politique agricole en panne d’alternatives écologiques, au détriment de la santé et de la biodiversité.
Un texte qui cristallise tensions sociales, environnementales et sanitaires
Au-delà de l’Assemblée, c’est une fracture sociétale qui s’élargit : entre les impératifs économiques des filières agricoles, soutenues par le gouvernement et la droite, et les exigences croissantes des citoyens pour une agriculture responsable, respectueuse de la santé publique et de l’environnement.